Inventer le quartier Saint-Jacques
Ce jour-là, je rencontre Yvan Vandenbergh, qui est une des personnes à la base du Comité de Quartier Saint-Jacques. Il m'explique comment, petit à petit, les habitants ont "inventé" le quartier Saint-Jacques, qui n'existait pas en tant que tel auparavant.
Ça a commencé dans les années '80 - '90, des trentenaires ont acheté dans le coin des maisons pas chères. C'était un quartier complètement à l'abandon, voire insalubre. Un peu la zone, derrière la police, derrière l'îlot sacré, un quartier sans identité, pas très qualifié, il n'y avait pas de commerces, et beaucoup d'étages étaient inoccupés. Les nouveaux arrivants n'avaient pas tellement de sous mais étaient propriétaires et voulaient donc changer la dynamique du quartier. C'est dans ce cadre qu'Yvan a fait appel à Roel Jacobs, un historien, pour qu'il fasse une étude historique sur ce quartier. Il l'a présentée devant un groupe d'habitants, notamment en projetant des images. Au Moyen-âge, le quartier était connu sous le nom du quartier du Bon secours, (église du bon secours), c'était un quartier d'artisans, de meuniers, un quartier important dès la première enceinte. C'était aussi une étape sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, donc un lieu de voyage, de rencontre. Il y avait notamment l'église Saint-Jacques, et l'hospice du même nom, un lieu où on pouvait se faire soigner mais aussi dormir pendant un pèlerinage.
Cette recherche historique a permis aux habitants de trouver une identité à leur quartier, de prendre confiance dans le quartier, qui était, rappelons-le, déqualifié, sans limites claires, à côté ou à l'arrière d'autres quartiers, mais qu'on identifiait pas comme tel. Ça a aussi permis de générer un sentiment d'appartenance. C'est aussi ce qu'ont permis des actions comme la rédaction d'un petit journal papier, puis, plus tard, de la newsletter. C'est comme ça qu'est né le comité de quartier, après avoir été une association de fait, plus informelle. Maintenant c'est une asbl.
Petit à petit, ils ont aussi défini le périmètre du quartier, ils ont retapé leurs maisons, et se sont mobilisés pour changer le visage du quartier, notamment par le réaménagement de l'espace public.
Campagne anti-nuisances nocturnes, Comité Saint Géry
Nous (Greg et moi) rencontrons Jean-Marie Frimat, du Contrat de Quartier Saint-Géry. Il nous explique son désarroi face aux nuisances sonores, majoritairement, mais aussi face à d'autres types de nuisances comme les salissures. Pour lui, la situation est vraiment bloquée, alors que les outils sont là. Déjà, si le cadre légal et réglementaire en vigueur était appliqué, ce serait déjà un grand pas en avant. Mais, selon lui, les tenanciers des cafés et de restaurants n'appliquent pas les règles, la Ville et la police ferment les yeux parce qu'ils préfèrerent que les nuisances restent concentrées à Saint-Géry, et qu'elles ne débordent pas ailleurs. De plus, il dénonce le fait que certains élus et fonctionnaires auraient des liens personnels avec certains établissements, ce qui favorise l'absence de surveillance et de sanctions. Mais l'ensemble des nuisances n'est pas uniquement due aux établissements HORECA et à leurs terrasses, il y a également ceux qui vont au night shop, et qui font la fête sur les trottoirs.
Ils ont déjà essayé différentes tentatives de médiation: avec les tenanciers, avec la Ville et la Cellule Tranquillité Publique, rien n'y a fait.
Il en vient à nous parler de son activité de graphiste amateur, et notamment d'une campagne qu'il a tenté de réaliser pour lutter contre ces nuisances nocturnes (en grande partie sonores mais aussi liées aux... déjections). Dans le cadre du programme de la Ville de Bruxelles, le Comité de quartier Saint-Géry a proposé une série de dispositifs, destinés à sensibiliser les usagers nocturnes de la ville au respect du voisinage. Celle-ci comprenait une panneau sonomètre de 1m x 1m, l'un sur pied fixe, à placer place Saint-Géry, et trois mobiles, à placer au gré d'événements ponctuels ou dans d'autres espaces concernés par le problème, ainsi que des affiches, des flyers et des autocollants. La campagne a été abandonnée et retirée des projets proposés pour le budget participatif, les panneaux sonomètres coûtant vraisemblablement trop cher (2500 € pièce). Le Comité de quartier Saint-Géry a néanmoins proposé à la Commune d'utiliser les affiches, flyers et stickers, sans succès pour le moment...
Récemment, le Comité Saint-Géry a réalisé un film, "Nuit et Jour à Saint-Géry", dans le but d'orgnaniser des débats et des confrontations avec les parties prenantes, pour montrer que à quel point "c'est lourd".