Enter festival

Sur le piétonnier, une affichette collée sur une boite aux lettres invite les passants à devenir pour un jour « photographes de quartier ». Cette invitation se faisait dans le cadre d'Enter, un festival artistique participatif organisé par l’asbl Démos. Rouge et bleu sont ses couleurs. Pour sa quatrième édition (première et apparemment dernière à Bruxelles), le festival a travaillé sur trois lignes de force : co-création, co-programmation, co-organisation. La baseline d’Enter est « en beaucoup de mains/ancré dans la ville ».

       
         
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Lors d’une de nos explorations, Guillaume attire mon attention sur une affiche A3 collée sur une boite aux lettres, place De Brouckère. L’affiche à la typo rouge et bleue, invite les passants à \devenir photographes de quartier\" et leur donne rendez-vous le lendemain au Béguinage, munis d’un smartphone. Nous nous demandons qu’est-ce que cela peut bien être et nous interrogeons sur la stratégie de communication pour le moins peu efficace et apparemment peu professionnelle. Qui, à part deux chercheurs en goguette, pourrait prêter attention à celle-ci ? "

         
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Quelques minutes plus tard, nous poussons la porte de Bruxelles Participation, à un jet de pierre de l’affiche. Guillaume, observateur, voit dans la vitrine un catalogue qui arbore également une typographie rouge et bleue, ainsi qu’un logo similaire à celui de l’affichette. Ann Vandevyvere, directrice de la cellule, nous informe qu’il s’agit du festival Enter. Elle connaît également le photographe Kasper Demelemeuster qui organise cette balade. Celui-ci occupe temporairement le Tropicana, ancien bar connu pour être fréquenté par les prostituées du quartier Alhambra et leurs clients. Nous prenons un exemplaire du catalogue histoire d’en savoir plus.

         
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27-04-2018 17:44:35
              
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Le même jour, après une discussion avec l’équipe, catalogue en main, et un passage sur Internet pour en savoir plus sur l’agenda du festival (il n'y a ni date ni heure dans le catalogue), nous décidons de visiter les différentes expositions et manifestations qui ont lieu dans le quartier ce jour-là. En effet, ce festival est complètement passé à côté de nos radars. Il est réalisé dans divers quartiers de la capitale, pour la plupart des lieux qu'on n'a pas l'habitude de voir investis par des festivals d’art - Laeken, Haeren, Woluwé-Saint-Pierre et le Quartier du Béguinage dans le centre-ville – et par une association, Dēmos, qui nous est inconnue. Peut-être parce qu’il s’agit d’une association néerlandophone ? Nous commençons par l’exposition Agora, à De Markten. Dans celle-ci, le commissaire Pierre Muylle a sélectionné un ensemble éclectique d’œuvres originaires des différentes associations à l’initiative du projet. Celles-ci travaillent toutes à l’interface de l’art et de la psychiatrie. L’exposition comprend également un espace d’agora, encerclé par une structure en bois, similaire à celles de l'exposition et remplie de chaises. Les chaises sont disposées face à un écran. A l'entrée de l'agora, on retrouve des flyers et des feuillets où différentes activités sont organisées. Chacun - citoyens, associations, visiteurs - est invité à proposer une activité supplémentaire. La question qui semble être posée est la suivante: une programmation artistique ou une \curation\" participative est-elle possible? "

         
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14-06-2018 12:17:20
    

Poursuivant notre route, nous arrivons place du Béguinage. Le festival Enter se déroule là aussi, c'est sûr: des bandelettes en plastique aux couleurs du festival (rouge et bleu) tournoient autour d'un mât. Dans une des maisons du coin de la place, même signalétique... Et puis des gens dehors... Nous entrons: il s'agit du camp de base du festival. Une des organisatrices du festival (nous apprendrons plus tard qu'il s'agit de An Van Den Bergh, de Démos vzw) nous explique qu'ils ont voulu monter en très peu de temps un festival d'art où tout, ou presque, serait participatif: la programmation, la curation, les oeuvres, la médiation... Elle nous explique également que, pour mener à bien cette initiative, ils ont choisi des quartiers très différents culturellement, socio-économiquement (Haeren, Laeken, Woluwe-Saint-Pierre, le Béguinage), où l'on a pas forcément l'habitude d'aller pour un festival d'art, et qu'on voit rarement associés. Il s'agit en quelque sorte d'établir un \statement\" à Bruxelles, de montrer que c'est possible de faire ensemble et dans la différence de l'art de qualité mais aussi de la base d'une réflexion plus large. Nous nous quittons d'ailleurs sur un prochain rendez-vous, l'événement \"Art porté par tous\", que Démos organisera le 8 juin, et dont le thème sera justement la participation élargie des citoyens à l'art. Cette fois-ci, nous repartons munis du programme papier des interventions plus spécifiques au quartier du Béguinage. "

         
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27-04-2018 18:13:52
              
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Location: place du Béguinage A deux pas de là, à l'entrée de l'église du Béguinage, une autre intervention s'érige: un empilement de livres peints, telle la maquette d'un haut gratte-ciel. Il s'agit d'une partie de l'oeuvre \porteboek\", réalisée par l'artiste Kito Sino et des habitants du voisinage. L'idée était d'utiliser des livres comme les briques de montages divers. Nous entrons dans l'église où est exposé le reste des oeuvres participatives. Mais malgré leur aspect ludique et visuellement plaisant, et malgré le fait que nous avons pénétré dans l'église expressément pour les voir, nous ne nous y attardons pas davantage. Dès l'entrée, notre attention a été détournée par une série d'autres éléments présents dans l'espace: des posters qui sensibilisent à la cause des sans-papiers, une exposition sur l'esclavage à travers l'histoire et des installations assez suggestives sur les victimes de la migration forcée... Bien que ces éléments soient disparates et bricolés, leur contenu, leur force expressive, mais aussi leur positionnement dans l'espace (plus proches de la porte), attirent davantage l'attention que l'installation d'Enter. Tout ceci nous rappelle à quel point cette église a été au coeur de différentes luttes, grèves de la faim, de sittings, ... Il y aurait une enquête à mener sur le rôle de l'église du Béguinage dans différents débats politiques. TBC. "

         
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27-04-2018 19:50:07
    

Dernière étape de notre journée (mais pas du festival), nous nous rendons au fameux Tropicana, l'ancien bar \plaque tournante de la prostitution\" du quartier de l'Alhambra. Dans celui-ci, plusieurs hôtes: un jeune médiateur, qui a l'habitude de faire du travail communautaire et qui finit ses études à Solvay Business School et une jeune artiste, qui vient elle de finir ses études à l'académie d'Eindhoven. Le bar a été transformé pour l'occasion en \"postlabouratory\", c'est-à-dire en un laboratoire de fabrication de robots qui pourraient, dans le futur, effectuer certaines de nos tâches et ce dans l'idée d'avoir plus de temps à consacrer à d'autres choses que nous aimons faire. La visite du laboratoire commence par le visionnage d'une vidéo qui montre une série de robots réalisés par l'artiste: un robot postier, un robot ménager et un robot peintre. Nous mettons ensuite la \"main à la pâte\", je brainstorme avec nos hôtes sur la pénibilité ou non du travail, tandis que Guillaume fabrique son propre robot, avec de la colle, du plastique et des bouts de bois. Nous apprenons que le jeune médiateur se fait un peu de beurre en mettant sur pied des programmes de comptabilité pour la boite de son frère mais déteste ce job. Par contre il aime beaucoup le travail communautaire. Il rêve de vacances au bled mais n'y vivrait pas: il n'y a pas de travail, rien à y faire. L'artiste et moi, on pense avoir trouvé le moyen de ne faire que des choses qu'on aime. Peut-être pas besoin de robot dans notre cas. Guillaume revient avec son robot: un robot idiot qui poserait des questions \"idiotes\" là où tout semble aller de soi. Remettant ainsi peut-être en cause ce qui relève de l'évidence. Le robot idiot de Guillaume a des yeux. \"Pourquoi?\" demande la jeune artiste. \"Pour susciter l'empathie, lui donner un regard\", répond-t-il. Elle pense que ce n'est pas nécessaire, ses robots à elle n'en n'ont pas. Elle pense que rien que le mouvement, ça suscite déjà ça. J'acquiesce. Dans la vidéo, le robot postier qui se déplace dans la rue suite une réaction chez un chien qui passe (qui tourne la tête vers le robot en remuant sa queue). Nous quittons le lieu en mettant un oeil aux robots réalisés par d'autres participants. "

april 2018

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Rafaella
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